Le Maroc est moins cher que ses voisins d’Afrique du Nord, mais plus cher que la Turquie, l’Espagne et la France. Le crédit immobilier est à partir de 5,5% au Maroc contre 8,50% en Tunisie et 6,25% en Algérie. En Turquie, les taux démarrent à 2,70%.
Quid : Les crédits bancaires sont-ils le plus cher au Maroc ? En d’autres termes a combien se montent le cout supporté par les emprunteurs marocains comparativement au pays voisins tant du Maghreb que d’Europe ? D’un point de vu purement scientifique les différences de pouvoir d’achat et de revenus des emprunteurs entre un pays et un autre, rend cette analyse difficile. Mais si on se limite à comparer uniquement les taux d’intérêt débiteurs appliqués par les banques au Maroc à ceux pratiqués par un ensemble de pays dont la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, la Turquie, l’Espagne et la France, on trouve que les taux des crédits au Maroc sont inférieurs que ceux des pays voisins dont la Tunisie et l’Algérie, alors qu’ils sont supérieurs aux niveaux observés en Europe, notamment en Espagne et en France.
En effet, alors que les banques marocaines appliquent pour le crédit immobilier un taux minimum de 5,5% (variable et hors taxe), la Tunisie et l’Algérie, elles, affichent des taux de 8,5% et 6,25% respectivement (voir tableau). En revanche, le taux d’intérêt d’un emprunt immobilier en Espagne commence à partir de 3,95% et celui de la Turquie tourne autour de 3%.Les résultats sont légèrement les même pour ce qui est des crédits à la consommation, débutant au taux de 7,5%, ils peuvent atteindre 14,19% au Maroc, une situation qui est quelque peu en deca de celle des tous les pays, excepté la France et l’Espagne (respectivement de 6,65% et 7,5%).
Plusieurs facteurs peuvent être mis en exergue pour expliquer cette différence de taux d’intérêt, notamment des facteurs macroéconomiques qui diffèrent selon les pays, principalement le niveau de croissance du PIB, celui de l’inflation et surtout la politique monétaire des banques centrales (taux directeur, injection ou reprise de liquidités…).Ces facteurs sont ainsi généralement sous-tendus par de liens de causes à effet qui prennent leur origine sur le type d’économie en ceci que si une économie est émergente, plus son niveau de croissance et d’inflation seront élevés, et plus les taux d’intérêt seront à leur tour élevés. Par contre, un pays développé a tendance à réaliser des niveaux de croissance et d’inflation modérés et, du coup, ses taux débiteurs sont souvent plus faibles que ceux d’un pays émergent. L’exemple de la Chine et du Japon est à ce titre parlant.
Revenant au pays de notre analyse, il est nécessaire de relever qu’ au Maroc, les taux des crédits ont sensiblement baissé au cours de ces dernières années (voir encadré), malgré une croissance économique relativement régulière et soutenue, et ce, grâce à une inflation qui est restée maîtrisée (système de subvention des produits de base aidant) et à une surliquidité du système bancaire qui a encouragé la concurrence entre les banques après la déréglementation des taux débiteurs. Une tendance qui a légèrement été remise en cause après l’assèchement des liquidités bancaires en 2007.
En Tunisie, le système bancaire était jusqu’à il y a quelques années structurellement surliquide, induisant des taux de crédits à des niveaux bas. C’est ainsi que par exemple en 2005, un crédit immobilier sur 20 ans pouvait se négocier à 3,60%.La donne a néanmoins été modifiée depuis la récente crise financière et le printemps arabe.
En Egypte, la tendance est également moins bonne que celle de la Tunisie, car ayant elle aussi été secoué par les soulèvements populaire. La morosité économique qui caractérise le pays depuis 2011, a incité la banque centrale d’Egypte a relevé cette année son taux directeur d’un point pour le fixer à 9,25%. Les conditions de crédit ont ainsi naturellement suivi le relèvement du taux directeur et les crédits en Egypte se négocient à partir de 10%.
L’excès de liquidité, qui caractérise ces économies, se retrouve également au niveau des banques algériennes. Le faible recours de ces établissements au marché interbancaire et à la banque centrale, malgré une forte expansion des crédits dans le pays, a amené cette dernière à maintenir son taux directeur au niveau du taux de reprise des liquidités, soit à 4%. Ce qui explique entre autres que les taux des crédits soient moins élevés qu’en Tunisie ou en Egypte. Notons également que l’Algérie a enregistré un taux de croissance en 2011 de 2,9% et un taux d’inflation de 4,5%.La Turquie, quand à elle, se présente comme une exception dans la mesure où bien que traversant une situation de surliquidité, le taux directeur turc a été réduit de près de 4 points pour être fixé à 1,5%, d’où le niveau actuel des taux d’intérêt, compris entre 3% en moyenne pour les crédits immobiliers et 9% pour le crédit à la consommation
Pour ce qui est de l’Europe, si on prend comme exemples l’Espagne et la France, on trouve que les niveaux de leurs taux d’intérêt se situent en dessous de ce qui est appliqué au Maroc. Et pour cause, la banque centrale européenne a fixé son taux directeur à 1% au lendemain de la crise pour ainsi faire redémarrer la machine économique, et ce, par la relance des crédits.
Par extension, nous pouvons aussi nous intéresser au cas de la Chine, qui est un pays émergent atypique dans la mesure ou bien que sa croissance économique soit importante, son inflation est bien faible, et pour cause, l’investissement étant au cœur de la croissance chinoise, afin d’éviter les cas inflationniste, les autorités ont dû alors relever les taux de crédit et augmenter les ratios de réserves obligatoires pour juguler l’inflation et modérer la croissance. A ce titre, les crédits immobiliers ont atteint un taux moyen de 8% contre près de 12% pour les crédits à la consommation.
A contrario, on note au Japon des taux de croissance stables (près de 1% en 2011) et une inflation de l’ordre de 0,5%. Avec un taux directeur de 0,1%, les taux de crédits immobiliers sont situés à seulement 2,3%.
Source: La vie éco
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